By jimmyweee (Good idea, bad idea?) [CC BY 2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0)], via Wikimedia Commons

L'EBM est un chouette outil, qui doit être utilisé mais qui paradoxalement vit ses derniers instants, car devient au fur et à mesure inutilisable pour les praticiens et les patients.

Quelques définitions pour poser les bases avant tout:

EBM:

La médecine fondée sur les faits se définit comme « l'utilisation consciencieuse, explicite et judicieuse des meilleures données disponibles pour la prise de décisions concernant les soins à prodiguer à chaque patient

EBP:
L'Evidence-Based Practice (EBP) est une méthodologie permettant de réduire l'incertitude lors d'une décision clinique et participe à l'EBM.

 

L'EBM (évidence base médecine, la médecine basée sur des preuves) sont des pratiques éthiques, basées sir des faits scientifiques mais qui est actuellement biaisée...
Elle a permis ces vingts dernières années de faire avancer nos pratiques, mais sous sa forme actuelle, elle ralentit, voir rend même dangereuse nos pratiques,et c'est là tout le paradoxe (sous sa forme actuelle)...

 

La «marque de qualité» basée sur des preuves a été détournée par des intérêts acquis par d'autres, qui les utilisent à l'envers de ses buts éthiques.
On citera l'utilisation à but purement comptable de L'EBM par les caisses de sécurité sociale et les mutuelles, qui va parfois à l'encontre des soins des patients, qui ne sont pas tous des cas rentrants dans une livre de recette universel.

 

De plus, le nombre d'études qui entraînent un volume considérable, en particulier sur les directives cliniques, ce qui devient ingérable...
Les résultats d'études de contredisent parfois, et les choix de traitement au vu des ces études vont seulement vers la maîtrise comptable des actes.

 

Des avantages statistiquement significatifs peuvent être marginaux dans la pratique clinique au quotidien...

 

Les règles inflexibles et les instructions axées sur la technologie peuvent générer des soins axés sur la gestion plutôt que sur le patient... (Ex; règle de bonnes conduites par pathologie, or on ne soigne pas des pathologies, mais des patients !)

 

Les lignes directrices basées sur la preuve traitent souvent une multi morbidité médiocre à complexe, ce qui ne reflètent pas une bonne pratique pour un praticien lambda pour soigner un patient...


Exemple:
Une rééducation d'une cheville que L'EBM a fixé à 15 séances maximum ne peut pas être tenu sur un patient souffrant de plusieurs pathologies :
Ex: personnes diabétiques avec entorse de cheville...
L'EBM se focalisant uniquement sur une personne lambda soufrant uniquement d'une entorse de cheville...
Le diabète apporté un autre cadre qui rend obsolète l'ebm qu'on voudrait universel pour la prise en charge d'une entorse de cheville etc.....

 


Il faut absolument se défaire de l'EBM actuel, complètement stupide parfois, pour aller vers l'EBM du réel, le projet initial de l'EBM qui a été dévoyé ces dernières années.

 

 

Médecine réelle fondée sur des preuves:

 

  • Rend l'éthique du soin au patient,
  • Exige des preuves individualisées dans un format que les praticiens et les patients peuvent comprendre,
  • Se caractérise par un jugement expert plutôt que par une règle mécanique,
  • Partage les décisions avec les patients grâce à des conversations significatives et de concert avec eux.
  • S'appuie sur une forte relation clinicien-patient et les aspects humains des soins
  • Applique ces principes au niveau communautaire pour la santé publique fondée sur des preuves
  • Mesures visant à fournir des traitements fondés sur des preuves et pas sur de la gourouthérapie,

 

Les patients doivent exiger de meilleures preuves mieux présentées, mieux expliquées, de manière simples et rationnelles et appliqués de manière plus personnalisée+++... Si le praticien n'arrive pas à expliquer de manière simple le traitement au patient et pourquoi il fait ça, c'est que le traitement EBP proposé ne présente aucun intérêt car le praticien n'en comprend pas lui même l'utilité.

La formation clinique doit aller au-delà de la recherche et de l'évaluation critique pour améliorer le jugement des experts et les compétences de prise de décision partagées

Les producteurs de résumés de preuves, les directives cliniques et les outils d'aide à la décision doivent tenir compte de qui les utilisera, à des fins et sous quelles contraintes...

Les éditeurs doivent exiger que les études respectent les normes d'utilisabilité ainsi que les méthodes méthodologiques

Les décideurs doivent résister aux lobbies financiers et à l'utilisation instrumentale de ces études pour des intérêts autres que pour le soins et la prise en charge des patients.

Les bailleurs de fonds indépendants +++ doivent de plus en plus façonner la production, la synthèse et la diffusion de preuves cliniques et de santé publique de haute qualité

Le programme de recherche doit devenir plus large et plus interdisciplinaire, embrasser l'expérience de la maladie, la psychologie++++ de l'interprétation des preuves, la négociation et le partage des preuves par les cliniciens et les patients, et comment prévenir les dommages causés par un surdiagnostic

L'EBM actuellement donne parfois des recettes de cuisine qui ne sont pas adaptées à tous nos patients.
Il faut remettre les patients au centre de notre traitement, utiliser lEBM comme un outil en l'integrant dans le monde réel et non plus théorique ou à but économique....
Et un patient, c'est un être humain, avec ses désirs, ses soucis personnels ou professionnels ou autre, pas une pathologie qui veut se faire soigner...

Bref, il faut revenir à l'EBM du réel.... en remettant le patient au coeur de sa prise en charge et non plus traiter une pathologie de manière scientifique.
L'EBM et l'EBP sont de précieux outils mais ne sont pas un but thérapeutique, mais un moyen d'arriver plus facilement au but que le patient s'est fixé.... avec l'expertise de son masseur kinésithérapeute....

Source et idée de ce billet:
http://www.bmj.com/content/348/bmj.g3725

Lire aussi cet article sur l'utilisation peu scrupuleuse de l'EBP et de l'EBM pour mieux comprendre ce billet:
https://www.cairn.info/revue-gouvernement-et-action-publique-2012-3-page-53.htm